Une situation
de formation
Essai de modélisation opérationnelle
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1-Une situation de formation
2- La structure d’une situation en formation
3- La difficulté dans la situation
4- Faire évoluer la situation
Concluons
Pour les commodités de l'exposé,
nous avons arbitrairement choisi de partir d'une situation de formation "classique",
comprenant un groupe d'apprenant et un formateur. A partir de là, toutes les
déclinaisons sont possibles et à effectuer, y compris pour des situations
de formation à distance dans le cadre des NTIC.
Nous ne prétendons pas, avec cette présentation, bouleverser grand chose.
Une situation de formation nous a semblé être suffisamment complexe pour
avoir envie, très modestement, d'essayer d'en tirer des éléments utiles
pour l'enseignant et le formateur
Une action de formation, une séquence de formation sont une succession de situations,
de formation ou non, en fonction de leurs effets constatés en sortie. Cette
“séquence élementaire”
a lontemps été pensée dans les termes d’une mécanique linéaire
à partir de l’hypothèse simpliste :
Pré-requis + apport de connaissances = Performances (en terme de “plus de connaissances”)
Cette opération simple était effectuée par
un enseignant ayant à doser sa progression pédagogique à partir de
la complication croissante de sa discipline en vérifiant périodiquement
les acquisitions.
En un mot une mécanique élaborée d’en haut appliquant des modifications
à des matières d’œuvre malléables et, sinon passives, au moins sans
autonomie par rapport aux attentes de cet enseignant. sinon celle de la “mauvaise volonté”. Ce modèle
avait pour conséquence de laisser l’enseignant totalement démuni lorsque
les résultats attendus ne se produisaient pas. La faute revenant alors à
l’indigence ou la mauvaise volonté de la “matière
première”. Les résultats, s’ils étaient
acceptables dans un système élitiste ne le sont plus lorsque la compétition
mondiale oblige un corps social performant.
Le modèle actuel d’un “apprenant producteur de
ses propres connaissances” induit le passage d’une conception
de l’acte de formation directif et descendant, centré sur les contenus et le
“programme” à une stratégie de formation en appui, en stimulations périphériques,
centrées sur la dynamique et les compétences de l’apprenant, un “jeu avec”. Une situation, c'est un
espace ouvert à l'apprenant, c’est l’accompagnement, par un formateur-médiateur,
d’une évolution finalisée (par des objectifs) de la mémoire du système-apprenant.
Apprendre, comme le déclare P. SYLVESTRE (1) c’est “transformer ses structures cognitives
pour passer d’une cohérence à une autre”,
d’un état momentanément stable à un autre. Dès lors, former, “c’est aider à la mutation des systèmes de représentation”.
L’évolution d’un système peut se schématiser ainsi, dans une dynamique
de Différenciation- Intégration:
Le formateur a là , à sa disposition, les différentes
modalités d’acquisition, dans la mesure ou il sait que la perception de ces
“pressions” par l’apprenant
va conditionner ses comportements.
1- Une situation en formation-
Elle suppose la définition d’un certain nombre d’axiomes préalables :
Rappelons que la mémoire n’est pas un sac où sont
mémorisés en vrac des “souvenirs”. Elle donne sens à des interactions, stocke et active sélectivement
les heuristiques qu’elle juge pertinentes à l’interaction, permettant la computation
ultérieure d’informations. C’est enfin elle qui déclenche les schèmes
d’actions (concrets ou abstraits) qu’elle juge appropriés, les articule, les
régule et les évalue.
Les écarts constatés en sortie entre les finalités annoncées
de la situation et les comportements et performances observés permettent d’évaluer
la situation.
1.1- Une situation de formation doit apporter au formateur les éléments
d’une régulation de son intervention, ce qui suppose :
Le formateur/concepteur/chercheur démarre d’une représentation
opérationnelle de son projet dont les modalités de contrôle posés
à priori vont constituer le “négatif “, au sens photographique du terme.
1.2- Une situation de formation est un moment limité, autonome
qui dépend autant de ce qui le fonde, de ce qui l’a précédé que
de ce qui devrait suivre. Elle s’inscrit dans un référentiel “temps”, doté de rythmes particuliers,
d’un espace et d’un éventail de formes acceptables. Elle a toujours des objectifs
opérationnels, mais qui sont inscrits/emboîtés dans des objectifs
plus généraux.
1.3.- L’apprenant, à l’intérieur d’une situation de formation,
“travaille”,
au sens physicien du terme, avec ses outils , selon ses rythmes et à travers
son espace qui ne sont pas ceux de ses voisins. Il est donc indispensable qu’il jouisse
d’une “marge de manœuvre”
qui soit adaptée, à la fois à ses capacités et à la situation
et ses objectifs.
L’apprenant est co-auteur, acteur autonome de la
situation. Il fabrique et crée ses connaissances à partir de l’interaction
entre ses expériences, organisées en niveaux logiques et un/des environnements
dotés d’une marge d’incertitude. Il ne consomme pas des savoirs: il les produit
et les intègre en mémoire à partir de son analyse de situations-problèmes.
Il est malheureusement impossible intrinsèquement de connaître exactement,
par rapport à l’interaction :
Il est donc nécessaire de travailler à partir
d’une hypothèse de “boîte noire” et se contenter de l’organisation d’un ensemble d’indicateurs “discrets” (2) pour gérer puis évaluer l’efficacité
de la situation. La forme et les pondérations implicites de cette organisation
d’indicateurs sera toujours le reflet de la conception-même de l’ingénierie
de la situation.
Une formation réussie demande notamment:
Une démarche Qualité ne peut prétendre s’appliquer
à une formation si ces conditions ne sont pas mises en œuvre. Si elles n’existent
pas au départ, il paraît alors évident qu’il faut “perdre le temps”
d’y travailler.
1.4- Il est possible d’identifier une certain nombre de seuils d’incertitudes
porteurs, chacuns, de possibilités de bifurcation :
1.5- Tous les travaux modernes sur l’apprentissage
insistent sur un point: : on n’apprend que si, d’abord, on a envie d’apprendre.
La satisfaction de l’auditeur quant à la relation qui le lie au formateur, la
formation et/ou à l’organisme de formation est fondamentale. La mise sous contrôle
de cette satisfaction est le premier pré-requis d’une formation de qualité.
Reste qu’une formation va se traduire par :
Un programme se déroule avec éventuellement des
régulations légères dans un environnement maîtrisé, à
partir d’un signal dénué d’ambiguïté.
Un concept, rappelons-le, est un engramme mémorisé doté d’une certaine
plasticité, permettant la reconnaissance d’un objet ou d’une situation et le
déclenchement des actions appropriées aux finalités du système.
Il garantit l’adaptation à des environnements non maîtrisés. Il est
inséparable des mécanismes de reconnaissance qui démarrent de la perception
et vont mettre en oeuvre les heuristiques nécessaires: méthodologie d’analyse
en réponse à une situation-problème, comparable au moteur d’inférence
d’un système-expert. L’analyse préalable approfondie du “noyau
dur” du concept, de ses caractéristiques, attributs
et fonctions principaux, mise en relation avec des hypothèses sur les pré-requis
des publics à former est une des bases de l’assurance de la qualité d’une
situation de formation.
A partir du moment où les objectifs de formation sont définis en intégrant
cette problématique, une situation de formation devra sélectionner les
moyens nécessaires pour les atteindre.
2- La structure d’une situation en formation-
Une situation de formation de peut se représenter par ses projets, ses frontières,
ses entrées et sorties, sa structure, ses fonctions, son espace d’états,
sa mémoire... et donc en tant que système fabriquant de la valeur ajoutée.
L’entrée et les chemins parcourus dans la situation sont relatifs à un
certain nombre de variables sur lesquels le formateur est susceptible de jouer pour
arriver aux comportements escomptés. Nous n’en citerons que les principales
:
2.1- Une situation qui, au départ, doit répondre à la double nécessité
de :
2.2- Une deuxième fourchette est à prévoir entre :
Les premiers obligent une conception de la situation qui
parte de la réalité du groupe. Les seconds cadrent la conception sur les
finalités. Les limites de temps et d’espace tracent les frontières du système.
Les consignes de départ vont constituer les éléments en système
si elles mettent en mouvement les auditeurs dans la direction fixée par les
objectifs.
2.3- La quantité d’information va induire une troisième fourchette entre
:
“Suffisamment” et “pas trop” sont avant tout relatifs
aux auditeurs, à leurs codes et langages, à leurs compétences et capacités.
L’information apporte du sens et ils sont les seuls légitimes à “pouvoir
dire” et à apprécier la qualité et la quantité d’information
fournie. Une information pour le formateur sera un “bruit” pour l’auditeur, une perturbation à laquelle il devra donner
sens.
Reste que la gestion des informations doit se situer dans une problématique
générale de la communication et ne sera efficaces que dans un contexte
contrôlé.
2.4- Deux grands modes alternatifs et complémentaires sont constitutifs
de la computation intelligente.
Ils ne sont pas de simples moyens mais peuvent devenir des objectifs :
Une situation est toujours constituée par un écart,
un problème. Les consignes pour avancer dans l’optimisation ou la résolution
du problème devront être explicitées selon ces deux modes. Un média
visuel facilitera une compréhension globale. Un média auditif sera plus
efficace pour une approche séquentielle et analytique.
2.5- Le niveau d’abstraction de la situation, du concret au plus abstrait,
est :
Si, à priori, le démarrage par la mobilisation
de l’expérience de l’auditeur privilégierait une entrée par le concret
et la manipulation (physique ou intellectuelle), certains cas peuvent justifier une
entrée par la présentation de la théorie.
2.6- Un autre axe est donné par l’individualisation :
• La mise en chantier de la fabrication de concepts,
• L’affinement de programmes d’actions intellectuelles ou motrices.
2.8- Une fourchette allant, enfin, de l’ “entraînement” à la recherche de performances à travers des tests
de toutes natures.
Chaque extrémité de ces axes définit des hiérarchies d’objectifs
sur lesquelles la situation va jouer. L’autonomie du système/situation de formation
se trouve à la croisée de tous ces axes si l’investissement des auditeurs
lui donne forme.
Une première approche, en 8 dimensions, de la structure générale d’une
situation de formation apparaît alors. Chaque fourchette est un processeur sur
lequel on peut agir pour modifier les sorties. Chaque déplacement dans ce champ
modifiera les caractéristiques des Sorties. Chaque flèche est assimilable
au chemin d’un curseur et le jeu sur chacun des curseurs permet de moduler la situation,
de la stabiliser momentanément et de la faire évoluer comme suit :
Transférons la structure en processus. Une situation,
passé l’exposé des consignes, démarre en général par une
mobilisation des ressources qui prend la forme soit d’un tâtonnement hésitant,
soit d’une ruée dans l’activité. Peu à peu ces deux comportements
extrêmes se rapprochent si le cadre et les consignes sont adaptées au publics
dans un comportement communément appelé “concentration” au cours duquel l’individu semble ignorer ou rejeter tout ce qui
n’a pas trait à la situation. Puis, peu à peu (avec des variations significatives
en fonctions des publics et populations), l’investissement diminue, des comportements
de “distraction” apparaissent.
La dimension “temps” de
la situation constitue une frontière du système, mais une frontière
analogique, précédée de phénomènes observables annonciateurs.
Des optimisations sont possibles sur cette dimension, notamment :
La “forme” globale du système
n’apparaît qu’à partir de la représentation-conception que s’est constituée
le formateur à partir de son expérience, son projet , ses objectifs et
l’ensemble de ses indicateurs. Cette forme est-elle “conforme” à ce qu’il prévoyait ? Jusqu’où ?
C’est ce qui constitue le système d’évaluation et qui déclenchera,
si l’écart est important, les diverses modalités de régulation.
3- La difficulté dans la situation-
Quels sont les grandes variantes des scénarios possibles dans une situation
de formation?
A priori, une analyse rationnelle mettrait en évidence soit l’ “encéphalogramme plat” d’apprenants
ne s’investissant pas dans la situation, soit une agitation mal cadrée, soit
une avancée logique vers les objectifs assignés.
Certaines observations montrent pourtant l’existence de sauts logiques :
3.1- ARMSTRONG (3) a recruté par petites annonces des étudiants soi-disant
pour des expériences d’acuité visuelle. Le protocole était simple: “ Nous allons faire rapidement défiler devant vous des cartes
à jouer. Vous aurez simplement à noter précisément leur hauteur
(7, 8, roi...), leur genre (trèfle, cœur...) et leur couleur (rouge ou noir)
sur une fiche”.
Parmi les cartes projetées, certaines avaient été modifiées,
le 7 de cœur se retrouvant noir, le 8 de pique rouge... Il existait une perturbation,
un écart, entre ce qui était attendu et ce qui était perçu.
ARMSTRONG note quatre grands types de comportements en réponse à cette
situation :
C’est la nature de l’écart, tel qu’il est perçu, entre les événements
et les schèmes engrammés en mémoire, conjointement à l’implication
du sujet qui vont déterminer la gamme des comportements exhibés. Et ces
écarts sont en partie contingents à l’état général du sujet
et de son humeur du moment...! Et, en formation, notamment à la qualité
de la relation qui lie l’auditeur au formateur et aux autres membres du groupe.
Rappelons qu’une succession de dissonnances légères mais répétées
dans le cadre d’une relation fixée et hiérarchique (double lien mis en
évidence par G.BATESON) peuvent aboutir aux mêmes comportements apparemment
aberrants de fuite, de lutte ou de déstructuration, sans relation apparente
aux conditions de la situation.
Chacun de ces comportements peut facilement être habillé de qualificatifs
de comportements scolaires. Cette typologie permet, à priori, de prescrire des
remédiations.
3.2- Par rapport à la perturbation, au problème rencontré,
à l’écart entre ce que le système connaît et ce qu’il perçoit,
à la situation de formation, on peut mettre en évidence différents
types de difficultés sur les principales étapes du processus :
Cependant, si le protocole d’observation est réducteur
(ou si l’observateur est trivial), il ne constatera simplement qu’une erreur en sortie,
qu’il imputera aléatoirement (ou idéologiquement) à tel ou tel typologie
de difficultés.
Reste l’aspect plus économique des difficultés, qui peut surgir à
chacune de ces étapes, dans l’espace, le temps et/ou la forme :
Cette opération, s’il est impossible de la réaliser constamment, permet ponctuellement d’opérer une analyse de l’existant sur laquelle il est alors possible de greffer lers optimisations prioritaires, dans une logique d’amélioration de la Qualité.
Cependant, au moins en début de cursus, il est indispensable
d’accepter la diversité des cheminements intellectuels individuels. S. BARUK
montre qu’en mathématiques, il existe souvent plusieurs chemins pour arriver
au même but.
Accepter cette diversité, c’est partir de l’expérience du sujet (souligné
par la plupart des praticiens comme indispensable en formation d’adultes), et d’un
existant (pour lequel on peut alors entamer une démarche d’optimisation). Rajoutons
que cela a aussi l’avantage de ne pas dévaloriser d’entrée un individu
et de marquer durablement sa relation avec le contexte général de la formation.
• L’énergie dépensée est aussi indice de difficulté. Les comportements
fébriles (au propre comme au figuré) marquent ou annoncent des difficultés.
Une fois la difficulté précisément localisée, aux équipes
de formateurs (éventuellement en s’adjoignant le concours d’auditeurs) d’analyser
les écarts. Nous revenons à la problématique connue des Méthodologies
de Résolution de Problèmes.
Nous passons d’une ingénierie de formation qui, s’inspirant de la pédagogie,
se présentait en “art”
(dont les caractéristiques sont incommunicables, sinon entre grands initiés
sur un mode ésotérique, dont la maîtrise était plus ou moins
innée, ou pour le moins très liée à la “personnalité”) à un ensemble de techniques comparables aux autres pratiques
professionnelles et mobilisatrices des intelligences de toutes les parties prenantes
du processus.
Sous un autre angle, la mise sous contrôle du processus d’apprentissage s’étend
à toutes ses composantes. Le modèle d’un processus de production est opérationnel
dans une situation de formation.
Une situation démarre d’un accueil, préparatoire à la mobilisation
des ressources.
Elle doit avoir des objectifs clairs pour tous et permettre au maximum un auto-positionnement
permanent.
Doivent être mis sous contrôle à partir des 5 M du diagramme d’ISHIKAWA (4 )
et, si possible, selon des modalités garantissant la traçabilité :
Ce type d’inventaire, réalisé à priori, permet la formalisation de
check-lists qui constituent , en formation, le moyen privilégié d’une Assurance
de la Qualité.
Le “Zéro défaut”
est toujours un objectif comportant une bonne part d’utopie, en formation peut être
plus qu’ailleurs. Il ne constitue que le support d’une démarche laborieuse et
résolue d’amélioration permanente.
Pour éviter la détérioration des fonctionnements, des formalisations
minimales sont indispensables et devraient figurer dans les Cahiers de Charges, les
descriptions de postes et les Manuels d’Assurances Qualité.
Prendre (et à première vue perdre) le temps que formateur et auditeurs
formalisent au moins une partie des points passés en revue dans ce paragraphe
est, vu la complexité intrinsèque de la moindre situation de formation
(qui, en règle générale, se déroule en 20 à 50 mn), la garantie
minimale d’une assurance des déroulements et de l’atteinte des objectifs et
d’un professionnalisme équivalent aux autres secteurs de la production de services.
Comparés aux tableaux de bord et ratios de suivi d’activité de la plupart
des grandes entreprises de service, les tableaux de bord de la plupart des structures
de formation sont indigents dès qu’il s’agit de l’acte de formation proprement
dit. L’héritage du champ psycho-social dont est issue la pratique professionnelle
de la formation, est encore largement prégnant.
L’expérience montre en outre que, dans des formations dépassant une certaine
durée, le temps passé à ces formalisations (formateurs et auditeurs)
constitue un investissement rentable car :
3.3- Une situation ne fera pas émerger la même forme, n’amènera
pas les mêmes acquis selon ses modalités d’application. La redondance fonctionnelle
nécessaire à des acquis opérationnels à des contextes variés,
suppose d’explorer un maximum/optimum de l’espace de variété du système-situation.
Sommairement :
La régulation de la situation par le formateur s’effectue en permanence à
trois niveaux emboîtés :
Chacun de ces niveaux peut faire apparaître des difficultés nécessitant
des actions spécifiques. Il convient cependant :
C’est la mise en relation constante de ces trois niveaux,
au plus près du temps réel, qui pourra mener à des régulations
efficaces.
Pour une population de classe préparatoire à une grande école, personnes
en principe très finalisées et très motivées, maîtrisant
les fonctionnements et règles de l’institution (puisqu’elles leur ont apparemment
réussi), le formateur pourra se contenter d’une mise sous contrôle des
niveaux B et C et centrer sur la transmission technique disciplinaire. Il n’en sera
pas de même avec des jeunes en difficulté ou des demandeurs d’emploi. Mais
il n’en sera pas de même non plus avec des cadres d’entreprise en séminaire.
L’auto-positionnement, l’auto-évaluation prennent, dans ce cadre, toute leur
importance. Il situent l’auditeur, en permanence, en tant que partenaire dans l’atteinte
des objectifs et co-producteur . Proposer et négocier des formalisations de
ces modalités d’auto-évaluation fait alors partie des tâches du formateur.
La comparaison des résultats de l’auto-évaluation et des évaluations
effectuées par le formateur peut mettre à jour des écarts critiques.
4- Faire évoluer la situation-
Théoriquement, un système a trois modes principaux de changement: :
Nous l’avons vu, une situation de formation évolue. Si nous la représentons en tant que système, nous distinguerons :
Rappelons que c’est l’activité du sujet qui est mémorisée
et que, dans ce domaine, la première priorité est dans l’investissement
du sujet dans la situation, et son acceptation des contraintes.
4.1- Les écarts- Dans le cadre de l’évolution d’une situation
de formation, l’écart entre les nouvelles consignes et les anciennes rejoint
la problématique de l’information :
Le dispositif de contrôle du formateur doit, avant
tout être conçu comme un outil de vérification de SON efficacité.
De nombreux travaux de psychologie expérimentale situent à 10% la marge
de nouveauté acceptable pour, à la fois, poursuivre le processus et atteindre
la pleine productivité. La mesure de cette marge de nouveauté, hors protocole
expérimental ultra-dépouillé, est impossible. L’analyse à postériori,
mais au plus près du temps réel, des observables comportementaux des auditeurs
(très variables selon les cultures, les âges, les milieux sociaux d’origine,
l’âge et la dynamique du groupe) est l’unique indicateur permettant la régulation
en continu.
4.2- Une situation de formation est, en fait, une interaction entre
l’apprenant et un ordonnancement donné d’une partie de ses environnements, ordonnancement
auquel il devra d’abord donner sens.
Le processus de formation, dans le cadre d’objectifs généraux, revient
à mettre l’apprenant en situation d’interaction appropriée au moment approprié.
La réalisation de la consigne, si elle s’accompagne d’un investissement fort,
mobilisant les ressources de l’individu, entraînera une mémorisation large,
une réelle intégration (et non une simple addition) des acquis de la situation.
La succession cohérente, pertinente par rapport aux objectifs, vérifiée
par l’investissement d’apprenants régulièrement gratifiés aboutit
à une mémoire qui devient organisatrice des connaissances, compétences
et capacités.
La situation doit opérer le lien fonctionnel entre les contraintes (et les objectifs)
du formateur et l’expérience (et les objectifs) des auditeurs. Elle est à
la fois stimulateur vers les objectifs assignés et filtre de la complexité
de ces objectifs, filtre-stimulateur dont l’apprenant peut et doit participer à
la gestion. Les prescriptions du management participatif peuvent et doivent s’appliquer
en totalité au management d’une situation de formation. On arrive ainsi, dans
le cadre des progressions, à une approche épigénétique des conceptualisations.
Le souci de l’investissement des apprenants qui doit être la priorité du
formateur, oblige des procédures de négociation et d’information, de la
même manière que le management participatif oblige un certain nombre de
réunions bien gérées.
L’investissement des apprenants (condition nécessaire mais non suffisante) mesure
la validité, rend compte de la cohérence et garantit une homogénéïté
et une continuité des processus qui soit centrée sur l’ apprenant.
Concluons en rappelant que:
• L’apprenant est co-auteur, acteur autonome de la situation. Il fabrique et crée
ses connaissances à partir de l’interaction entre ses expériences, organisées
en niveaux logiques et un/ des environnements dotés d’une marge d’incertitude.
Il ne consomme pas des savoirs: il les produit et les intègre en mémoire
à partir de son analyse de situations-problèmes.
• Un cursus, une séquence de formation sont constitués d’une succession
de situations de formation, interaction entre la mémoire d’un apprenant et un
environnement doté d’une marge modérée d’incertitude, grâce à
la réduction d’incertitudes que doit opérer le formateur. Cet environnement
en partie incertain, en partie connu constitue le socle commun à partir duquel
on pourra faire quelque chose.
• Une situation de formation, produisant de la valeur ajoutée, peut être
représentée en tant que système doté d’un certain nombre de processeurs.
• Les caractéristiques du processus de déroulement d’une situation comportent
des étapes et des bifurcations possibles. Ces étapes peuvent être
mises sous contrôle.
• Les procédures de contrôle et d’évaluation d’une situation de formation
constituent le système d’information du système. Elles sont obligatoirement
plurielles et participatives.
• Une situation de formation peut et doit évoluer dans la mesure ou l’investissement
des apprenants ne connaît pas de ruptures.
1- P. SYLVESTRE in article
“L’apprenant, le savoir et le formateur” in Revue Sciences Humaines n° 12, op.
cité. Retour au texte
2- Dont aucun n’est significatif en soi, mais dont le mode d’organisation
ensemble fait émerger du sens. Retour au
texte
3- cité dans M. SELVINI-PALAZZOLI & collaborateurs “Le
magicien sans magie “ - ESF, 80. Retour au texte
4- Outil de recherche exhaustive des causes d’un problème,
étape 2 de la méthode de résolution de problèmes. Retour au texte
5- C. CUDICIO “ Comprendre la PNL”, “ Maîtriser l’art de la
PNL” Ed. d’organisation.
P. CAYROL et P. BARRERE “La programmation neuro-longuistique, applications pratiques”
ESF-EMI. Retour au texte
1998